samedi 7 février 2015

Projet écriture_Passage n°2

Bonjours mes petits lecteurs !
Je suis ravie de vous annoncer que le passage n°2 tant attendu, écrit par Juju99 (son blog ici), est à présent terminé et publié ! Pour ceux qui n'ont pas eu l'occasion de lire le premier chapitre de cette histoire, je vous invite à cliquer ici. Et comme la fois dernière, je vous invite fortement à répondre au formulaire en bas de la page, ainsi dans deux semaines en fonction de vos votes, c'est moi-même qui me lanceraient dans l'écriture de cette histoire aux mystères...
Comme d'habitude, je vous demande de laisser un petit commentaire, pour nous donner vos impressions, vos critiques (positive ou négative, tant qu'elles sont constructives) et je vous laisse avec ce second passage !




La première chose que j’aperçus en ouvrant la porte, ce ne fut ni les toiles d’araignée qui s’étendaient sur les angles des murs jusqu’au plafond – Oncle Sam devait avoir un sérieux problème avec le ménage – ni le lit immense qui prenait la moitié de la pièce. Non, en fait mon regard fut directement attiré vers une peinture accrochée au mur, qui me faisait face. La toile était encadrée par un arceau doré et stylisé qui, à vue de nez, devait être extrêmement vieux – les dorures s’étiolaient à moitié. Une jeune fille était représentée dans un jardin, en hiver ; elle portait une robe longue, de celles qu’on ne voit que dans les films plutôt anciens. Ce qui me frappa, ce fut le contraste entre le noir de sa tenue et la blancheur diaphane de sa peau. Ses cheveux bruns étaient relevés en un chignon décoiffé.
 Tout était normal, me direz-vous. Pourtant non. Je ne puis m’empêcher de pousser un cri et de faire un pas en arrière. C’était moi. La peinture, le tableau, la fille. Le modèle peint était exactement ma propre représentation. Pas besoin d’être devin pour le reconnaître : cheveux sombres, nez en trompette, peau pâle, joues perpétuellement rouges, yeux dorés, silhouette frêle. On ne pouvait pas passer à côté.           
Je ne comprenais plus rien. Pourquoi mon oncle avait-il une peinture de moi – dans une tenue datant de l’ancien temps – dans l’une de ses chambres ? C’était totalement absurde. Je n’avais pas vu Oncle Sam depuis plusieurs années, et la peinture me représentait exactement comme je l’étais aujourd’hui.
                Je jetai ma valise sur le lit et me mis à fouiller dans les tiroirs de la commode. Il me fallait une explication ! Je tombai sur plusieurs cadres recouverts de poussière. Dessus, des dessins en noir et blanc me représentant, assise sur un tabouret, un petit chien à mes pieds, ou bien en train d’esquisser une pirouette dans une grande salle. Je portais toujours une vieille robe très habillée – pas du tout adaptée à ma morphologie et à mon âge, soit-dit en passant – et un collier brillant. C’était moi, Alice, aucun doute là-dessus. Je reconnaîtrais mon regard entre mille.
Je me précipitai hors de la chambre, mal à l’aise. Il fallait que je demande une explication à mon oncle. Je traversai le couloir sombre et frappai à la première porte que j’aperçus.
                -Entre, couina la voix de Cassie.
Elle était en train de ranger sa valise, toute ébouriffée, le corps penché dans l’armoire. En m’apercevant, elle ajusta ses cheveux et sourit.
                -Alors, elle est chouette la maison, tu ne trouves pas ?
Je grimaçai, encore troublée par les peintures et les dessins trouvés dans la chambre.
                -Il faut que je te montre quelque chose d’incroyable. Viens.
                -Je suis occupée, là, marmonna-t-elle avec un grand geste de la main. Je range mes affaires. Tu devrais faire de même ! 
Ma sœur avait le don de m’énerver. En public et face aux parents, elle faisait toujours mine d’être parfaite, gentille, fine d’esprit. Mais lorsqu’elle était avec moi, elle passait son temps à me donner des ordres et à me cracher son mépris au visage.
                -Viens voir, s’il te plaît, insistai-je. Y’a quelque chose qui cloche.
Cassie poussa un soupir à s’en fendre le cœur, posa la robe qu’elle était en train de dépoussiérer, puis se leva.
                -J’espère pour toi que ça vaut le coup. J’ai pas que ça à faire, moi.
Pauvre fille. J’essayai de contenir la rage qui grimpait en moi, esquissai un sourire forcé puis l’entraînai dans ma chambre. Je la plaçai face au tableau et la laissai voir par elle-même l’étrange coïncidence.
Je vis Cassie froncer les sourcils puis, affichant un air dédaigneux, elle se tourna vers moi.
                -D’accord. C’est une peinture. Et alors ? Qu’est-ce que je suis censée te dire ?
                Je pointai du doigt le visage du modèle – mon visage !
                -Les cheveux, la peau, le corps. Tu ne reconnais pas ?
Froncement de sourcils, réflexion intense. Puis le visage de ma sœur s’éclaira et elle laissa échapper un gloussement tout à faire désagréable.
                -J’y crois pas ! C’est TOI ! C’est toi, avec une robe ridicule, dans un jardin ridicule, avec une coiffure ridicule.
Donc, je n’étais pas folle. Même Cassie, première de la classe puis le CP, véritable pointure dans son domaine, admettait que quelqu’un m’avait représentée sur ce tableau. Ça me rassurait, dans un certain sens, mais maintenant le mystère était entier. Et je comptais bien découvrir pourquoi mon visage se retrouvait copié à l’identique sur un tableau datant de plusieurs dizaines d’années.

                Ce soir-là, Oncle Sam organisa un repas pour réunir toute la famille. Maman et Cassie se mirent aux fourneaux pendant que je mettais la table, aidée de Willy. J’en profitai pour visiter toute la maison mais, mis à part les couches de poussière, les livres étranges et les chandeliers cassés, rien de bien extravagant. C’était juste une vieille maison dans une vieille ville, et voilà tout.
Je comptais aborder le sujet des peintures le soir, à table. Ainsi j’aurais l’avis de tout le monde et le soutien de Cassie – enfin ça, ce n’était pas certain, étant donné le mépris qu’elle m’afficha pendant le début de la soirée. J’avais de plus en plus de mal à m’entendre avec elle, mais ça je n’y pouvais rien.
                Le repas fut joyeux, et chacun mit de sa bonne humeur pour réchauffer l’atmosphère. Maman et Oncle Sam racontèrent des souvenirs d’enfance ; Cassie, Willy et moi eûmes droit à un questionnaire poussé sur nos études, nos fréquentations (« Alors Alice, tu as un petit copain ? Je suis sûr que si. Comment il s’appelle ? Tu ne veux pas me dire ? »). Rien de bien méchant en somme, j’avais l’habitude. Comment expliquer simplement : j’étais en seconde, une élève très moyenne, banale, pas spécialement douée dans un domaine en particulier. J’avais une poignée d’amis sur lesquelles je pouvais compter mais, non, pas de petit copain. Je ne vais pas faire le coup « Non, je ne m’intéresse pas aux garçons, moi ». Pour être honnête, ce sont les garçons qui ne s’intéressent pas à moi. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : je ne suis pas moche, loin de là. Mais je suis loin d’être une beauté comme Cassie – en fait, je suis extraordinairement banale. Je n’ai jamais rien eu d’exceptionnel.
                Oncle Sam paraissait vraiment heureux de nous retrouver. Il parlait fort, souriait sans cesse, faisait de grands gestes avec ses bras, et maman le couvait du regard. La soirée était vraiment parfaite. C’était la première fois depuis des mois entiers que je ne me disputais pas avec Willy, Cassie, ou même mes parents, à table. Ça faisait un bien fou !
C’est à cet instant que je décidai d’éclaircir le « mystère » de la chambre 6. Je pris la parole sans cérémonie :
                -Au fait, qui est cette fille sur les peintures, dans ma chambre ?
Bon d’accord, je vous l’accorde, je suis du genre direct. Il y avait d’autres moyens pour demander ça. Je n’avais pas vraiment réfléchi… Je regrettai aussitôt d’avoir posé la question lorsque je vis mon oncle devenir blême.
                -Quoi ? s’étouffa-t-il.
 Je répétai ma question, avec moins d’assurance cette fois.
                -Qu’est-ce que c’est que cette histoire, Alice ? demanda papa.
J’entendis Cassie ricaner, sur ma gauche, et malgré moi je me mis à rougir. Heureusement Oncle Sam prit la parole, devant l’air interrogateur de mes parents :
                -Alice parle des tableaux accrochés dans sa chambre. Je… enfin, ça m’étais sorti de l’esprit.
Il me regarda d’un air assez gêné.
                -Ce n’est pas toi, sur la peinture. Je pense que tu t’en doutes.
Euh. Comment pourrais-je deviner ? Il était normal que je me pose des questions.
                -Il s’agit de Maria. Ma nièce. Tu es son portrait craché… Je… C’est une vieille histoire, je ne veux pas vous embêter avec ça.
Il se leva avec son assiette.
                -Eh bien, il se fait tard ! Il est temps de débarrasser. Willy, tu voudrais bien me filer un coup de main ?
Tout joyeux, mon petit frère bondit de sa chaise pour aller l’aider. Le brouhaha reprit. Moi, je n’étais pas satisfaite. Je n’avais pas eu les réponses à mes questions. Au contraire, tout était bien plus flou, maintenant.
Je rattrapai Oncle Sam à la fin du repas. Il fuyait mon regard. Je sentais sa gêne à l’autre bout de la pièce.
                -Tu veux bien me parler de Maria ? osais-je d’une petite voix.
Son regard se fit lointain.
                -Alice, il est tard… je suis fatigué. Maria a disparu lorsqu’elle avait ton âge, mais c’était il y a fort, fort longtemps. C’est une affaire compliquée. Une affaire d’adultes. Tu ne peux pas comprendre.
Evidemment, j’étais bien trop stupide, trop jeune et trop naïve pour suivre une conversation. Ah, comme je détestais lorsque les adultes me prenaient de haut ! C’était insupportable.
J’espérais bien que mon oncle se doute que je n’allais pas en rester là. Ce n’était pas mon genre. Tant que je n’apprendrais pas de renseignements sur cette Maria, difficile de m’éloigner de son chemin.                
                Tout le monde se mit au lit. On était tous épuisés par le voyage. Cassie me lança un clin d’œil avant d’aller dormir – brusque changement de comportement – comme si elle était ma complice ou quelque chose comme ça. Ça ne me plaisait pas du tout.
                Ma chambre était trop grande, trop angoissante. Je mis glissai sous la couette mais y ressortit quelques minutes après. Des bribes de voix se faisaient entendre dans le couloir. Sur la pointe des pieds, je marchai jusqu’à la porte et y collai mon oreille. Je retins au maximum ma respiration.
                -… pas qu’elle sache….
                -… tais-toi. C’est…. Oui… une vieille histoire. … lui as dit ?
                -… que non ! Tu me… qui ? J’ai essayé de… d’accord. Oui. Très bien. Bonne nuit, Sam.
Mes poumons explosèrent dans ma poitrine.

A suivre...

                

2 commentaires:

  1. Ton blog est magnifique ! Et les images sont justes trop belles ! En plus, tu écris magnifiquement bien (et Juju99 aussi) ! Quelle imagination ! J'ai hâte de lire la suite !

    MlleFimo

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  2. Oh merci MlleFimo très heureuse que mon blog te plaise, j’espère t'y revoir bientôt ;) La suite arrivera sous quelques semaines et je commence déjà à avoir de petites idées sur ce que je vais écrire !
    Bisous
    Mademoiselle M <3

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Merci beaucoup pour ton commentaires !